
L’article qui suit est une republication d’un écrit publié sur un autre site.
Le 29 septembre 2018, l’Université de Londres, en Angleterre, a accueilli la 6ème édition de la Stoicon (Stoic Conference). Ce rendez-vous annuel, qui existe depuis 2013, rassemble le temps d’une journée des universitaires, des pratiquants et tout autre amateur de la philosophie stoïcienne. Le Journal International s’est rendu à cet événement unique en son genre.

La résurgence du stoïcisme ces dernières années ne se limite pas aux couloir des facultés de philosophie, mais est aussi institutionnelle. Un peu partout dans le monde se sont créées de véritables communautés stoïciennes. Du côté anglophone, les universitaires et administrateurs du groupe Modern Stoicism portent l’étendard. Il pilotent de nombreux projets en lien avec la réactualisation du stoïcisme. Parmi leurs réalisations, les « semaines stoïciennes » ou encore la Stoicon.
Bien loin d’être un événement marginal, la Stoicon a gagné en popularité et médiatisation au fil des ans. Soutenu cette année par différents établissements londoniens de l’enseignement supérieur, comme l’Institut de Philosophie ou la Royal Holloway University, le rendez-vous met en avant des chercheurs reconnus dans leur domaine. Pour cette édition par exemple, parmi les seize intervenants, il y avait l’historienne Catharine Edwards, le docteur en philosophie Piotr Stankiewicz ou encore l’invité d’honneur et maître de conférences Anthony Long.
Un public hétéroclite et des thèmes variés
Moyennant trente livres l’entrée, plus de trois cents personnes se sont montrées intéressées par cette journée de conférences. Dans la salle Beveridge Hall, qui affichait complet, les profils étaient hétérogènes : des professeurs à la retraite et des individus en quête de sens, certes ; mais aussi des jeunes tout aussi bien intéressés par les nouvelles technologies et la réussite de leur start-up que par l’acquisition d’une stabilité intérieure. Chacun pouvait trouver son bonheur parmi la multitude de thèmes abordés au cours de la rencontre, de 10 h 30 à 17 heures.

Car les sujets abordés étaient extrêmement variés : du plus politique avec la conférence de Kai Whiting qui a mis en évidence la nécessité d’œuvrer en faveur du développement durable pour qui se prétend stoïcien ; au plus spirituel avec l’exposé d’Antonia Macaro, qui a souligné les similitudes entre bouddhisme et stoïcisme. Sans oublier les nombreux ateliers d’étude de l’après-midi. Chaque participant devait choisir deux séminaires sur les huit proposés, car ces derniers se déroulaient en même temps, avec un seul roulement. Les intitulés sont suffisamment évocateurs pour être retranscrits tels quels : « Marc Aurèle : comment penser comme un empereur Romain » ; « Le cœur stoïcien : Stoïcisme et relations entre partenaire » ; « La rationalité stoïcienne dans un monde irrationnel », etc.
Une journée sous le signe du logos
Concrètement, la philosophie stoïcienne promeut la vertu comme finalité naturelle de la vie humaine et condition nécessaire au bonheur. La vertu, au sens grec du terme, renvoie à des qualités : courage, prudence, justice, sagesse. Si elle est naturelle à l’homme, c’est parce que ce dernier recherche une certaine stabilité dans son évolution, une stabilité que le plaisir n’a pas. Seule la vertu est stable. Elle est aussi naturelle dans le sens où elle permet de vivre en harmonie à la fois avec son environnement social (la famille, les amis, la communauté…), et son environnement naturel (face à la mort, la souffrance, la maladie…). Un stoïcien se concentre dès lors sur ce qui dépend de lui (ses actions, ses pensées, c’est-à-dire son propre mouvement vers la vertu) et est résilient face aux événements qui lui sont extérieurs. La Stoicon a notamment permis de revenir sur ces principes de base mais a aussi mis en évidence la richesse du système et les interprétations possibles à la lumière des enjeux contemporains.
En-dehors de ces discussions, les participants ont également eu la chance de pouvoir mirer une petite exposition de rares ouvrages stoïciens, tout droit sortis des collections du Senate House Library. Il s’agissait d’écrits d’auteurs stoïciens et de leurs commentateurs datant du XVIIe siècle. L’artiste londonien Diego Ulrich s’était également joint au rendez-vous en exposant une œuvre inspirée de la dichotomie de contrôle d’Épictète. L’ouvrage, en forme de diamant, était constitué de larges bandes distordues, en bois, sur lesquelles étaient inscrites en lettres capitales : « men are disturbed not by things but by the view which they take of them » (« ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses »).
Un succès qui encourage la tendance
Les retours sur les réseaux sociaux semblent unanimement positifs : « une Stoicon géniale », se réjouit Alison McCone sur Twitter ; « quelle journée fantastique », ajoute une autre internaute… Des rencontres amicales se sont aussi formées à l’occasion de cette journée. C’est l’esprit même de ce genre de rendez-vous qui le veut. Les membres organisateurs de Modern Stoicism partagent l’enthousiasme des participants : « De retour de la Stoicon, c’était une longue journée, mais j’ai passé un super moment », tweete Donald Robertson, psychothérapeute et administrateur du groupe Facebook Stoicism group (stoic philosophy), qui compte plus de 43 000 membres à la date d’écriture de cet article. L’attrait grandissant du Stoïcisme contemporain ne semble pas prêt de s’estomper…
Article publié à l’origine sur le site du Journal International, à cette adresse.
Un retour complet et détaillé de l’événement est disponible dans la catégorie « récits de vie », à cette adresse.