COVID-19 : notre devoir de mémoire appelle au retour du confinement ! [TRIBUNE]

Il peut sembler prématuré d’évoquer les enseignements que l’humanité aura à tirer de la pandémie de la Covid-19 alors même que de nombreux pays sont encore dans la tempête. Mais il faut préparer la paix en temps de guerre comme on prépare la guerre en temps de paix. Que retiendrons-nous de la pandémie de la Covid-19 ?

Il y a fort à parier que, d’ici quelques années, l’événement aura perdu de sa pesanteur et ne sera plus qu’un simple souvenir, logé dans un recoin de notre esprit. Le virus rejoindra vite l’imaginaire des épidémies du passé. Ce sera une menace résolue, contrôlée, dont on ne tire aucun enseignement individuel ou collectif, si ce n’est que l’espèce humaine survit toujours.

Pourtant, à travers une mesure simple, il serait possible de faire en sorte que la mémoire de l’événement demeure en chacun de nous et nourrisse notre humanité : et si, une fois la menace passée, nous revivions, chaque année, une journée entière de confinement strict ?

L’idée peut sembler à première vue absurde. En réalité, elle ne l’est pas. Le confinement que nous vivons n’est pas mauvais en soi. C’est notre premier moyen de lutte contre le virus. Il permet à la planète de reprendre son souffle. Il nous offre un temps de vie inestimable.

En fait, pendant le confinement, nous avons perdu une partie de notre identité de consommateur : nous avons été privés de nos sorties de loisirs, de chalandages et de festivités. Nos conditions de vie ont changé du jour au lendemain. Que s’est-il passé alors ? Eh bien, nous nous sommes adaptés bon gré mal gré : nous avons fait preuve de créativité, d’humour, d’indignation, de solidarité, de bienveillance, de courage, de patience, de civisme, d’amour, de lucidité, etc. Nous sommes restés des êtres humains et, plus encore, nous nous sommes dérobés des rôles traditionnels d’acheteur et de travailleur que la société nous octroie.

Cette proposition de confinement volontaire vise ainsi à recréer les conditions permettant de faire émerger notre humanité. Une journée de confinement, ce n’est pas un jour férié où les sorties sont encore possibles. Ce n’est pas non plus une journée passive (de vacances) ou une journée active (de travail). C’est plutôt un entre-deux où l’on apprend à gérer son temps, son corps et son esprit. Dans ce cadre, la proposition implique une grande limitation des moyens de déplacement, l’interdiction des activités aliénantes de consommation et le renoncement au télétravail même.

Ce jour mémoriel de confinement aurait ainsi pour objectif de :

Garder en mémoire (de façon très physique) la crise sanitaire de la Covid-19 et, par-là, la fragilité de chaque système et de notre condition même. C’est une forme de memento mori collectif qui redonne à la mort une visibilité sociale et politique.

Se défaire de notre identité de consommateur-travailleur pour se concentrer sur soi-même : avancer dans nos projets, faire le point sur sa vie, se reconnecter à soi-même…

Donner du répit à la planète. Mettre en pause toute l’activité non essentielle à la vie d’un pays est une action à la fois concrète et symbolique qui s’accorde parfaitement avec la lutte contre le réchauffement climatique.

Nous pourrions retenir la date du 23 février, qui correspond à la mise en quarantaine du premier territoire, Wuhan, pour que le mouvement soit éventuellement international.

Le détail de cette journée de confinement doit être davantage discuté mais, dans la mesure où il a été possible de maintenir un pays entier en confinement pendant plusieurs semaines, il semble également très possible, si la volonté politique est présente, de faire en sorte que cette proposition aboutisse.

Jean-Baptiste

Pourquoi cette tribune est-elle publiée sur un site en rapport avec le stoïcisme ?
Même si aucune référence explicite n’est présente, cette tribune est écrite à partir des influences stoïciennes. La proposition appelle ainsi à dégager du temps libre pour que les citoyens cultivent leur propre jardin intérieur (éducation philosophique défendue par le Stoïcisme) ; à méditer sur la mort (exercice spirituel stoïcien), à agir en faveur de la planète (suivre son devoir naturel d’après l’ordre du cosmos) et à faire de cette proposition un mouvement international (venant renforcer le sentiment d’adelphité en rapport avec la citoyenneté terrestre que tous les humains ont en partage).


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