Quels sont les principes du Stoïcisme ? Réponse en 10 points

Quels sont les principes du stoïcisme, qui peuvent vous aider à vivre avec plus de contrôle, de sérénité et de profondeur ?

  1. Distinguez ce qui dépend de vous et ce qui n’en dépend pas
  2. Acceptez ce qui ne dépend pas de vous
  3. Agissez avec la bonne intention
  4. Méditez sur la mort
  5. Vivez ici et maintenant
  6. Tenez les rôles assignés par la nature
  7. Soyez utile aux autres
  8. Anticipez les difficultés
  9. Pensez par vous-même
  10. Contemplez la nature
  11. Bonus : aimez votre destin

1. Distinguez ce qui dépend de vous et ce qui n’en dépend pas

Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d’autres non. De nous, dépendent la pensée, l’impulsion, le désir, l’aversion, bref, tout ce en quoi c’est nous qui agissons; ne dépendent pas de nous le corps, l’argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi ce n’est pas nous qui agissons.
(Épictète, Manuel, 1.)

C’est la base du stoïcisme. Distinguez très nettement ce qui dépend de vous et ce qui n’en dépend pas, surtout lorsque vous traversez une situation difficile.

  • Ce qui dépend de vous, ce sont vos pensées, vos impulsions, vos désirs et vos aversions. 
  • Ce qui ne dépend pas de vous, c’est tout le reste : les conditions météorologiques, le fait de tomber malade, la façon dont réagit autrui, votre réputation, etc. 

En gardant cette distinction à l’esprit, vous utilisez votre temps et votre énergie là où cela est utile. Vous gagnez en sérénité.  

2. Acceptez ce qui ne dépend pas de vous

Je n’ai jamais été empêché de faire ce que je voulais, ni contraint de faire ce que je ne voulais pas. Comment est-ce possible ? J’ai joint ma propension au dieu. Il veut que j’aie de la fièvre, je le veux aussi. […]. Il veut que j’obtienne telle chose, je le souhaite aussi. Il ne le veut pas, je ne le souhaite pas.
(Épictète, Entretiens, IV, 1.) 

Les choses qui ne dépendent pas de vous sont le résultat des lois naturelles, de la nature, du destin. Elles ne sont ni bonnes, ni mauvaises en soi. Mais si vous croyez avoir du pouvoir sur ces choses-là, alors qu’elles sont indépendantes de votre volonté, votre croyance peut vous faire souffrir. 

Pour y remédier, le stoïcisme vous invite à les considérer comme des faits neutres et à comprendre leur nécessité dans le fonctionnement global de l’univers.

3. Agissez avec la bonne intention

Un ami se tient au chevet d’un ami malade : nous l’en louons. Il n’est là que pour l’héritage : c’est un vautour, il attend un cadavre. Le même acte est honteux ou honorable : tout dépend de la raison et de la manière de l’accomplir.
(Sénèque, Lettres à Lucilius, XV, 95, 42.)

Quelles sont vos motivations derrière une action ? Agissez-vous par pur altruisme et pour la joie que cela vous procure, ou dans l’espoir d’un gain que vous auriez du mal à assumer publiquement ? Le stoïcisme vous encourage à clarifier vos intentions, et à les transformer en actions droites et honorables, pour votre propre bien et celui des autres. 

4. Méditez sur la mort

Refuser de mourir, c’est ne pas avoir accepté de vivre. Nous avons reçu la vie à charge de mourir ; la mort est le terme où l’on va. En avoir peur est donc une folie ; on attend l’événement certain ; c’est l’accident douteux qu’on appréhende.
(Sénèque, Lettres à Lucilius, IV, 30, 9.)

La mort est un sujet tabou pour de nombreuses personnes. Le stoïcisme vous invite à vous y confronter quotidiennement, dans le cadre de méditations sur la mort (memento mori). 

Quel est l’intérêt ? Penser régulièrement à votre propre mort et à celle des autres vous permet de moins craindre cet événement, de mieux apprécier l’instant présent, d’être reconnaissant de vos liens, du simple fait d’être en vie (et éventuellement en bonne santé), et de vous libérer de certaines peurs.  

5. Vivez ici et maintenant

Partout et sans cesse, il dépend de toi de te satisfaire de la situation présente, de traiter les personnes présentes avec justice, et d’évaluer la représentation présente avec attention, pour que rien de faux ne s’infiltre en toi.
(Marc Aurèle, Pensées, VII, 54.)

Le passé suscite parfois des regrets et de la nostalgie. Le futur, de la crainte. Et nous n’avons aucun pouvoir sur ce qui est déjà passé, et sur ce qui doit encore arriver. 

Le présent est le seul temps où nous pouvons agir. Que se passe-t-il maintenant, devant moi ? Qu’est-ce que je vois, entend, sens, goûte, ressens ? Quelles sont mes pensées ? Quelle est mon intention ? Qu’est-ce que je veux faire ?

Vivre ici et maintenant, c’est regagner du pouvoir, de la confiance et de la sérénité. C’est aussi dépenser son énergie au bon endroit. Beaucoup de souffrances peuvent ainsi être évitées en ramenant notre esprit au présent.

6. Tenez les rôles assignés par la nature

Cela dit, il y a une fin commune et une fin particulière. Le premier but à poursuivre, c’est d’agir en homme. Qu’est-ce que cela implique ? De ne pas se comporter comme un mouton, même si on agit avec douceur, ni être malfaisant comme une bête sauvage. Le but particulier, lui, est en rapport avec le genre de vie et la faculté de choix de chacun. Le citharède doit agir en citharède, le charpentier en charpentier, le philosophe en philosophe, le rhéteur en rhéteur.
(Épictète, Entretiens. III, 23, 3.)

Vous avez plusieurs rôles dans votre vie : vous êtes peut-être un père ou une mère, vous êtes aussi le fils ou la fille de vos parents. Vous avez un métier. Vous avez probablement des loisirs, comme le sport, la danse ou les arts. Dans chacune de ces situations, les stoïciens considèrent que vous jouez un rôle. 

Or, comme au théâtre, tenir un rôle implique de suivre un certain nombre de comportements propres à ce rôle : l’étudiant apprend, réfléchit, étudie ; le parent prend soin de son enfant, l’éduque, le soutient ; le sportif s’entraîne chaque jour, suit un régime alimentaire approprié, etc. Si vous acceptez ces rôles, vous acceptez aussi ce qui est attendu de ces rôles. 

Cela vous permettra de vivre en cohérence avec vous-même, et d’agir sur ce qui dépend de vous.

7. Soyez utile aux autres

Ce qui n’est pas utile à la ruche n’est pas utile à l’abeille.
(Marc Aurèle, Pensées. VI, 54.)

Vous êtes une abeille. La société est un essaim. Dans la conception de Marc Aurèle, l’être humain ne trouve son bonheur que s’il se rend utile à l’ensemble. Tout ce que vous faites et qui est utile à autrui, est aussi utile à vous-même. 

L’action la plus utile est de pratiquer la philosophie, c’est-à-dire d’améliorer votre caractère pour devenir un être humain sage, courageux, juste, modéré, qui inspire et qui aide les autres. Comme le montre cette citation de Marc Aurèle, le stoïcisme est loin d’être une philosophie de vie égoïste.

8. Anticipez les difficultés

Pare de ton mieux aux événements redoutables. Tout ce que peut embrasser la prudence humaine, embrasse-le de ton regard. Quelle que soit l’épreuve qui te menace, n’attends pas qu’elle t’atteigne ; regarde-la venir et rejette-la au large.
(Sénèque, Lettre à Lucilius. XVI, 98, 7.)

Peu importe votre situation, elle peut changer brusquement. Vous êtes en bonne santé ? Cela peut s’arrêter du jour au lendemain. En couple ? Il en va de même. Riche ou de bonne réputation ? Idem.  

C’est pour cela que Sénèque propose d’anticiper les difficultés, pour avoir un coup d’avance sur le destin et ôter l’effet de surprise d’un changement brusque. La préméditation des maux vous aide à vous préparer à réagir à une difficulté probable et à vous souvenir que ce n’est jamais un mal absolu en soi (seul le vice — le fait de mal réagir — est un mal dans le stoïcisme),, et que vous avez les capacités d’y faire face.

9. Pensez par vous-même

Ainsi donc je ne marcherai pas sur les traces des Anciens ? Je veux bien, quant à moi, prendre la route frayée ; mais si j’en trouve une plus proche et plus unie, je me la paverai. Ceux qui ont remué avant nous ces problèmes ne sont pas maîtres arbitraires de notre pensée ; ils sont nos guides.
(Sénèque, Lettre à Lucilius. VI, 33, 11.)

Votre raison est sacrée. Elle vous appartient. Suivre aveuglément des préceptes sans en comprendre le sens est un mauvais usage de la raison. Le stoïcisme ne vous dit pas quoi faire directement. Il vous donne les clés pour penser par vous-mêmes à partir de certaines valeurs, de certains principes et d’une certaine méthode. 

Votre épanouissement passe nécessairement par votre autonomie dans la pensée : vous voulez être capable de vous remettre en question, de savoir pourquoi vous pensez ce que vous pensez et d’adapter votre philosophie de vie à votre trajectoire biographique. 

10. Contemplez la nature

La considération et la contemplation de la nature sont comme la nourriture naturelle des âmes et des intelligences ; elles nous redressent, nous élèvent ; elles nous font regarder de haut les choses humaines ; la pensée des êtres d’en haut et des choses célestes nous fait mépriser les nôtres pour leur mesquinerie et leur petitesse.
(Cicéron, Premiers Académiques, II, XLI, 127.)

Un ciel étoilé, le bruissement des vagues et des feuillages, le mouvement des insectes, le mystère de la vie animale, la beauté des plantes, la majestuosité des montagnes… Que ressentez-vous lorsque vous contemplez la nature ? 

Certaines personnes ressentent une joie océanique, un appel vers quelque chose de plus grand que soi, une dissolution de l’égo, un recul sur les événements ou encore un lien avec le divin. 

Comme le dit Cicéron, la considération et la contemplation de la nature alimentent l’âme humaine. La raison humaine y reconnaît un ordre, de la beauté et est stimulée par les mécanismes secrets, que les sciences tentent de décrypter.

Bonus : aimez votre destin

J’ai subi la maladie quand tu [Dieu] l’as voulu. Les autres aussi, mais moi de bon gré. J’ai subi la pauvreté parce que tu le voulais, mais avec joie.
(Épictète, Entretiens. III, 5.)

Si vous arrivez à accepter les choses qui ne dépendent pas de vous, vous êtes déjà un grand philosophe. L’étape supérieure consiste à aimer ces choses-là, c’est-à-dire à les recevoir avec joie. 

Pour Épictète, votre raison est si puissante qu’elle peut susciter des affects positifs lorsque vous parvenez à accepter ce qui ne dépend pas de vous. C’est ce qui arrive à certaines personnes ayant vécu un événement traumatisant, et qui ne voudraient pas avoir vécu autre chose, car elles ont été structurées par ce traumatisme, et en sont ressorties plus fortes quelques années après. 

Une telle attitude exige beaucoup de pratique et de discipline. Elle nécessite de comprendre que ce qui vous arrive est nécessaire, inévitable, en accord avec la nature, et de ressentir la joie propre à cette compréhension intime de votre place dans l’univers par rapport à l’ensemble. La joie qui en résulte est sans commune mesure. Dans une telle disposition d’esprit, chaque obstacle nourrit votre feu intérieur, autonome, puissant et imperturbable.


Si vous mettez en application ces 11 principes clés du stoïcisme, votre vie deviendra plus intense, humaine et heureuse.

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