
Cette série d’articles constitue mon retour d’expérience sur le Manuel pour les nouveaux stoïciens (A handbook for new Stoics), un livre de pratique du stoïcisme, par Massimo Pigliucci et Gregory Lopez. Pendant une année, chaque semaine, j’expérimente la pratique stoïcienne proposée par le Manuel et vous partage ici mon bilan hebdomadaire. Vous aurez ainsi un aperçu des différents exercices stoïciens et des bienfaits (ou non) qu’ils peuvent vous offrir.
💬 La citation (Marc Aurèle)
Lorsque quelqu’un pèche envers toi, songe tout de suite d’après quelle idée du bien ou du mal il a péché. L’ayant vu, tu auras pitié de lui, tu n’auras ni étonnement ni colère. Car si tu te fais du bien la même idée que lui ou sur une idée analogue, il faut lui pardonner ; si tu n’as pas sur les biens et les maux des idées pareilles aux siennes, tu seras plus facilement bienveillant envers un homme qui a mauvaise vue.
Marc Aurèle, Pensées, VII, 26
🔥 La pratique : comprendre ce qui motive autrui dans son comportement
La pratique consistait à se mettre à la place d’autrui, à comprendre son point de vue et à réaliser que ses actions peuvent se justifier pour des raisons/valeurs qui pourraient être les nôtres, même si ces actions nous sont désagréables.
Chaque jour, il fallait revenir sur une situation troublante vécue avec autrui (le jour-même, sinon dans notre passé) et répondre à ces quatre séries de questions :
- Qui était cette personne ? Qu’a-t-elle fait ? Pourquoi je me sens troublé ? Comment je me sens à propos de cette personne à présent ?
- Pourquoi je pense qu’elle a agi de cette manière ? Quelle(s) valeur(s) peut-elle avoir et qui fait sens par rapport à ses actions ?
- Est-ce que j’ai déjà défendu ces valeurs, aussi ? Si oui, revenir sur un moment où j’ai agi en cohérence avec ces valeurs. Si non, à quels traits de caractère je donne de la valeur chez moi ? Les lister puis voir comment je pourrais les utiliser pour me sentir moins troublé par rapport à la personne.
- Comment je me sens envers la personne à présent, maintenant que j’ai terminé cet exercice ?
🔎 Un exemple : « vous voyez pas que vous faites chier tout le monde ! »
Contexte :
L’événement s’est produit avant cette semaine de pratique. Je suis à la salle de sport. Il est 7 h 15 le matin. Je fais une séance d’haltérophilie, où je jette la barre au sol sur des tapis, en fin de série, ce qui produit un certain bruit (la barre et les poids sont faits pour ça, c’est une pratique assez habituelle en haltérophilie, pour économiser de la force sur la prochaine série).
- Une dame, sur une machine au loin, m’interpelle avec une certaine violence : « ooh faites-moins de bruit vous voyez pas que vous faites chier tout le monde ! ». Je me suis senti agressé, j’ai lui ai répondu avec une violence similaire. Tant pis pour moi, j’ai raté l’occasion de mettre en pratique une communication non violente pour désamorcer cela.
- Je pense qu’elle a agi comme ça car elle a souhaitait du calme, et elle a peut-être considéré mon comportement comme un manque de civisme (valeurs : respect de l’autre, civisme).
- Je partage ce besoin de calme et cette valeur de civisme. J’ai déjà agi en ce sens : demander à un voisin de ne pas écouter sa musique la nuit, ou faire remarquer à quelqu’un que ce n’est pas juste de couper la file d’attente.
- Au final, l’exercice n’a pas vraiment fait évaluer mon jugement sur la personne — je m’étais dit assez rapidement, qu’elle avait utilisé un mode de communication violent car elle était énervée en raison d’un besoin de calme, et qu’elle ne savait pas l’exprimer autrement. Je trouve que revenir sur son action sous l’angle de la valeur plutôt que du besoin ne me permet pas de faire évoluer davantage ce que je pense de cette personne.
🤔 Mon retour sur la semaine #4
Je n’ai pas vécu de situations particulièrement animées avec les autres cette semaine. Je suis donc revenu sur des interactions passées, ce qui m’a permis de « faire le ménage mental », en quelque sorte. Chaque jour, je suis revenu sur une interaction qui m’avait troublé à l’époque, puis j’ai essayé de comprendre ce qui pouvait motiver la personne à agir ainsi. Les actions d’autrui devenaient alors l’expression de valeurs, et non pas des attaques dirigées contre ma personne.
Cependant, j’ai trouvé difficile de nommer les valeurs. Il aurait été utile d’ajouter une liste d’exemples de valeurs dans le livre. Par ailleurs, je trouve que l’exercice ne m’a pas permis de comprendre véritablement les actions et le mode de communication d’autrui : me dire que telle personne agit par rapport à telle valeur ne m’aide pas à comprendre son comportement.
Finalement, l’exercice ne m’a pas paru très efficace pour exercer une réelle empathie et acceptation du comportement d’autrui. En fait, je préfère rattacher les actions d’autrui à des besoins plutôt qu’à des valeurs— car nous n’agissons pas toujours en cohérence avec nos valeurs, mais nous agissons toujours en cohérence avec des besoins. Cette approche, que je reprends à la Communication NonViolente, me semble plus pertinente pour interagir avec un autre et développer une réelle empathie.
✏️ Pensées en vrac
Les mots pour décrire ce que l’on ressent viennent naturellement lorsque nous sommes véritablement connecté à notre émotion.
Le sage s’exprime sans violence.
Le vrai amour mène à l’amitié.
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