#6 Pratique du stoïcisme : la préméditation des maux

Cette série d’articles constitue mon retour d’expérience sur le Manuel pour les nouveaux stoïciens (A handbook for new Stoics), un livre de pratique du stoïcisme, par Massimo Pigliucci et Gregory Lopez. Pendant une année, chaque semaine, j’expérimente la pratique stoïcienne proposée par le Manuel et vous partage ici mon bilan hebdomadaire. Vous aurez ainsi un aperçu des différents exercices stoïciens et des bienfaits (ou non) qu’ils peuvent vous offrir.

💬 La citation (Sénèque)

D’un mal qu’on s’est représenté d’avance le choc arrive amorti. Maix aux sots qui ont foi en la Fortune, toujours les événements de ce monde présentent un aspect nouveau et surprenant. Or, pour les incultes, c’est dans la nouveauté que gît une bonne part du mal. La preuve en est que, ce qu’ils croyaient d’abord pénible, l’habitude le leur fait supporter plus bravement. C’est pourquoi le sage se rend familiers les maux à venir. Ce que d’autres ne trouvent léger qu’au prix d’une longue endurance, il se le rend léger en y pensant longuement. On entend parfois dire aux incultes : « J’étais sûr que ce coup m’arriverait. » Le sage sait toujours que le coup devait lui arriver ; quoi qu’il advienne, il peut dire : « je le savais. »

Sénèque, Lettres à Lucilius, Livre IX, 76, 34-35

🔥 La pratique : anticiper les événements désagréables

La préméditation des maux, ou visualisation négative, est un exercice classique du stoïcisme. Cependant, comme le notent les auteurs, nous ne savons pas la manière exacte dont les stoïciens pratiquaient cet exercice. Il y avait ainsi trois variantes à effectuer au long de la semaine :

  1. Anticiper les choses qui pourraient mal tourner par rapport à nos objectifs du jour, en identifiant ce qui dépend de nous (lundi et mardi)
  2. Observer les événements malheureux qui arrivent aux autres en se souvenant que cela pourrait nous arriver aussi (mercredi et jeudi)
  3. Méditer pendant 10 minutes au moins sur un événement désagréable en le répétant mentalement jusqu’à ce qu’il perde de son impact émotionnel (vendredi et samedi)

🔎 Un exemple : « Je serai malade moi aussi »

Cette semaine, plusieurs connaissances ont été malades (amis, collègues). Leurs mésaventures m’ont aidé à visualiser que cela pouvait m’arriver aussi. J’ai essayé d’imaginer ce que je pourrais ressentir, physiquement et émotionnellement, si ces choses m’arrivaient aussi : rhume des foins, angine, douleur à la cheville…

🤔 Mon retour sur la semaine #6

Encore une fois, j’ai trouvé que l’exercice proposé était présenté de façon compliquée. Sur les trois variantes, la plus intéressante me paraît surtout être la dernière : celle qui consiste à prendre un instant avec soi-même pour visualiser une situation douloureuse probable, et répéter l’exercice pour diminuer la charge émotionnelle liée à l’événement. Cette approche est similaire à la thérapie d’exposition qui permet de réduire l’anxiété.

En fait, je trouve que la préméditation des maux sert surtout à ôter l’effet de surprise d’un événement désagréable pour éviter une sur-souffrance (peine de l’événement + peine de la surprise), à anticiper l’action qu’il convient de faire si le « pire » devait arriver et à se souvenir qu’un événement n’est ni bon ni mauvais en soi mais que c’est notre rapport à l’événement qui est bon ou mauvais pour soi.

Je conseillerais ainsi la pratique suivante pour la préméditation des maux : passer en revue les événements négatifs probables, choisir celui qui est le plus important dans les jours à venir, vivre mentalement cet événement, observer ce qui dépend de moi si le pire devait arriver, agir mentalement de la façon dont je pense devoir agir si le pire devait effectivement arriver, se souvenir qu’un événement desagréable n’est pas un mal en soit mais l’opportunité d’exercer son caractère.

✏️ Pensées en vrac

Mes pensées et la vérité sont deux choses différentes : quand elles ne le sont pas, je suis heureux.


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1 réflexion sur “#6 Pratique du stoïcisme : la préméditation des maux”

  1. Bernard Mercier

    Je trouve bonne l’idée de se préparer au pire, pour que, s’il arrive, il soit moins désagréable. Mais, les tenants de la pensée positive me disent que j’attire à moi le malheur. Je leur répond, qu’ils sont superstitieux et qu’il fonctionnent comme des enfants avec la pensée magique. l’enfant prend un gâteau que sa mère lui interdit de prendre avant le diner. Le tonnerre gronde. L’enfant dit :  »Dieu, tu exagère ». C’est de la pensée magique !

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