Newsletter #2 – Pourquoi Sénèque nous met en garde contre la foule

Découvrez comment pratiquer l’examen de conscience avec Épictète et ce que Sénèque nous dit de la foule, dans cette 2e édition de la newsletter Vivre le stoïcisme aujourd’hui.

Édito

Et voici déjà le deuxième numéro de cette newsletter sur le stoïcisme aujourd’hui. Je vous invite à pratiquer l’examen de conscience avec Épictète. Sénèque vous partagera ensuite ce qu’il pense des foules, un raisonnement qui peut éclairer notre approche des mouvements sociaux du 10 et du 18 septembre (en France). Vous découvrirez un disciple stoïcien de la première heure : Persaios de Kition. Finalement, je vous ai déniché quelques pensées méconnues sur l’apparence physique. On terminera sur les brèves stoïciennes de septembre 2025.

Petit à petit, cette newsletter prend forme et je suis ravi de vous la partager. N’hésitez pas à me faire part de ce que vous en pensez, l’idée est de construire ce format avec vous, pour qu’il réponde à vos besoins en matière d’information et de compréhension du stoïcisme !

Au programme ce mois-ci :

  1. Pratique : réalisez le bilan quotidien de vos actions
  2. Sénèque, sur la foule (et les mouvements sociaux)
  3. Persaios de Kition, disciple stoïcien de la première heure
  4. Que disent les stoïciens sur… l’apparence physique ?
  5. Les brèves stoïciennes de septembre 2025

Votre pratique du mois 🧘

Saint Jérôme en méditation, avec son lion, tête de mort, livres, vase de fleurs et sablier 1525 / 1550 (2e quart du XVIe siècle) Pencz, Georg Allemagne Nüremberg,

Réalisez le bilan quotidien de vos actions

« Repasse tes actions dans ton esprit “Qu’ai-je négligé de ce qui conduit au bonheur ? Qu’ai-je fait de contraire à l’amitié, aux obligations de société, aux qualités de cœur ? Quels devoirs ai-je omis en ces matières ?” »

Épictète, Entretiens, Livre IV, 6

Qu’ai-je fait de bien aujourd’hui ? Qu’ai-je fait de mal aujourd’hui ? Comment aurais-je pu mieux agir aujourd’hui ? Voici les trois questions de l’examen de conscience, que présente Épictète. Elles ciblent les forces et les faiblesses de notre caractère, dans l’objectif de nous améliorer.

Nous devons avoir dans cet exercice la même attitude que nous aurions auprès d’un ami. Une mauvaise action invite à faire preuve de prudence à l’avenir, mais elle ne fait pas de nous une mauvaise personne. Une bonne action est source de joie, mais nous devons rester humble ; le chemin à parcourir reste long. Un devoir manqué nous rappelle l’importance de l’attention du moment présent : n’aurait-il pas fallu agir ?

L’examen de conscience ne refoule rien, mais éclaire tout. Il nous pousse à viser toujours mieux, et nourrit cette tranquillité intérieure qui naît d’un esprit clair avec lui-même.

À vous de jouer 🎯

Ce soir, avant de vous coucher, prenez 5 minutes pour repasser votre journée. Notez dans un carnet, ou simplement en pensée, les réponses aux trois questions d’Épictète :

  1. Qu’ai-je fait de bien aujourd’hui ?
  2. Qu’ai-je fait de mal aujourd’hui ?
  3. Comment aurais-je pu mieux agir aujourd’hui ?

Répétez cette pratique pendant 5 jours (initiation) à 30 jours (intégration).

  • Quand vous notez une bonne action, souriez intérieurement et goûtez la satisfaction tranquille qu’elle procure.
  • Quand vous repérez une erreur, ne vous jugez pas sévèrement : voyez-la comme une invitation à être plus attentif la prochaine fois.
  • Quand vous remarquez un devoir manqué, demandez-vous calmement : « Que puis-je faire demain pour ne pas passer à côté ? »

En quelques jours, vous sentirez déjà une plus grande clarté intérieure. En un mois, l’examen du soir deviendra un rituel, un moment de lucidité et de paix.

Astuce : choisissez un petit objet (un stylo, un carnet, une pierre) et placez-le sur votre table de nuit. Il vous rappellera chaque soir de pratiquer l’exercice.

L’extrait du mois💡

Delva821 on X: "À Paris, des milliers de personnes entre Châtelet et  Republique, d'autres milliers sont rassemblés place des fêtes pour une  soirée sous le signe de la fête et de la
À Paris, des milliers de personnes entre Châtelet et République, d’autres milliers sont rassemblés Place des Fêtes pour une soirée sous le signe de la fête et de la lutte. #10septembre

Sénèque, sur la foule (et les mouvements sociaux)

En France, vous avez peut-être participé, soutenu ou pris une distance critique avec les mouvements sociaux du 10 et du 18 septembre. À mon sens, le stoïcisme apporte une réponse nuancée face à l’action militante et engagée (grève, manifestation, boycott…).

  • Si vous y participez, faites-le avec cette clause de réserve : « la situation s’améliorera si les conditions le permettent. Il est possible que je n’obtienne pas gain de cause. » L’attitude philosophique protège ainsi la tranquillité intérieure et permet de tenir les combats sur le long-terme. Portez votre attention, à chaque instant, sur ce qui dépend réellement de vous, c’est-à-dire l’effort plutôt que le résultat. C’est cet état d’esprit qui vous permet d’agir avec constance, force et endurance malgré les innombrables difficultés que comporte la vie militante. Seule une telle attitude sera à la fois utile pour soi et pour autrui.
  • Si vous n’y participez pas, efforcez-vous de comprendre les causes multiples de ces mouvements de foule, pour former un jugement fondé sur les faits, autant que possible. Le stoïcisme est d’abord une approche physique et matérialiste du monde, et la compréhension des causes, avant tout jugement moral, est une façon de suivre les préceptes du stoïcisme.

C’est cette actualité du mois de septembre qui m’a rappelé le texte ci-dessous de Sénèque. Le philosophe observe que, lorsque nous entrons dans la foule ou la multitude, nous sommes parfois amenés à agir différemment. Sans rejeter totalement l’action collective (« tu n’es pas encore en mesure de t’y risquer sans péril »), il souligne que la foule impacte notre état d’esprit, ce qui peut nous entraîner dans des affects et des actions qui ne nous correspondent pas, éloignés de nos principes. Dans sa Lettre, il prend l’exemple des jeux de gladiateurs, où la foule, avide de sang, pousse les spectateurs vers la cruauté. Il généralise ensuite ce raisonnement à toute forme de multitude.

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