Newsletter #3 — le stoïcisme est une morale de collabos, d’après Luc Ferry

Novembre 2025. Vivre le stoïcisme aujourd’hui. Numéro 3

Une fois par mois, cette newsletter vous offre du contenu inédit : des exercices pratiques, des réflexions contemporaines et un tour d’horizon de l’actualité du stoïcisme. Je la propose dans un format semi-payant : si vous voulez la lire en intégralité, vous pouvez devenir membre Premium du site ici. Cela me soutient directement dans mon travail et mes projets autour du stoïcisme. Merci à vous 🙂

🪶 Édito

Ne soyez pas surpris si vous avez découvert cette newsletter sur le site Substack et que vous la lisez à présent sur Un regard stoïcien. Après la phase d’ajustement éditorial, je suis dans la phase d’ajustement technique. Je me suis dit qu’il était plus simple pour vous et pour moi de tout centraliser en un même endroit, c’est-à-dire sur ce site, qui a maintenant plus de 10 ans ! Cela me permet aussi de vous proposer un abonnement de soutien à partir de 3 € au lieu de 5 € (minimum imposé par Substack). Bref, de la tambouille interne qui me permet de me concentrer sur ce qui m’anime vraiment : partager avec vous mes réflexions et trouvailles autour de cette belle philosophie de vie qu’est le stoïcisme.

Ce mois-ci, je réponds à la chronique polémique de Luc Ferry, qui associe le stoïcisme à une morale de collabos et d’esclave (rien que ça… !). Je vous propose aussi une pratique concrète à partir d’un appel de Sénèque à « contempler la sagesse ». Halloween oblige, les 5 citations à laisser infuser dans votre esprit porte sur la peur : que signifie-t-elle pour les stoïciens ? Quelle est sa vertu opposée ? Finalement, la rubrique des brèves stoïciennes continue de s’enrichir : vous y trouverez les événements, les parutions, les anecdotes et tout ce qui m’a interpellé en octobre.

Je vous souhaite une bonne lecture et l’espace commentaire est toujours ouvert pour recevoir vos suggestions !

Au programme ce mois-ci :

  1. Pratique : contempler la sagesse
  2. À la Une : Luc Ferry pense que le stoïcisme est un masochisme (ah bon ?)
  3. Portrait : Philonidès de Thèbes, le stoïcien dont on ne sait quasiment rien
  4. Que disent les stoïciens sur… la peur ?
  5. Les brèves stoïciennes d’octobre 2025 : Philosef et fragments inédits de Zénon

🧘 Pratique : contempler la sagesse

Chaque mois, je vous propose une pratique stoïcienne antique ou contemporaine à expérimenter sur un ou plusieurs jours, pour développer votre caractère. Vos retours d’expérience sont les bienvenus.

« Pour moi du moins je laisse prendre beaucoup de mes heures à la simple contemplation de la sagesse. Je l’embrasse du même regard émerveillé que j’ai à d’autres moments pour le monde, ce monde que je vois bien des fois avec des yeux toujours neufs. Ainsi donc je révère les inventions de la sagesse et les inventeurs. » 

Sénèque, Lettres à Lucilius, 64, 6

Contempler la sagesse n’est pas une idée abstraite. Nous l’avons tous déjà fait au moins une fois. Cela revient à être absorbé par une belle action (la performance de l’athlète), une force de caractère (le courage du héros), une image ou un texte qui résonne avec ce qu’il y a de meilleur en nous.

La contemplation de la sagesse s’appuie toujours sur des expressions concrètes et saisissables par les sens. Dans cet extrait, Sénèque fait d’ailleurs implicitement référence à Quintus Sextius le père, philosophe romain actif vers -50 avant J.-C, dont il admire la force de caractère, qui se manifeste dans ses actions et ses écrits de philosophie. 

La sagesse nous entoure, mais nous sommes aveugles. Pratiquer cet exercice permet de mieux cerner notre propre potentiel et de trouver son inspiration dans le monde sensible. 

Répétez cette pratique pendant 3 jours (initiation) à 30 jours (intégration).

Voici quelques noms dans lesquels piocher si vous avez besoin d’inspiration :

  • Socrate – L’art de questionner et de se connaître soi-même.
  • Bouddha – La paix intérieure née du détachement et de la compassion.
  • Etty Hillesum – Trouver la lumière au cœur du désastre.
  • Thich Nhat Hanh – La pleine conscience dans chaque geste du quotidien.
  • Nelson Mandela – Le pardon comme forme suprême de liberté.
  • Rosa Parks – La dignité tranquille qui change le monde.
  • Simone Veil – La force de vivre et d’agir avec humanité malgré l’épreuve.
  • Vaclav Havel – Dire la vérité même dans le mensonge ambiant.
  • Malala Yousafzai – Le courage de défendre l’éducation face à la peur.
  • Mère Teresa – Servir humblement les plus oubliés.
  • Albert Schweitzer – Respecter toute vie comme sacrée.
  • Fred Rogers – La gentillesse comme puissance révolutionnaire.
  • Leonardo da Vinci – L’émerveillement devant la beauté du réel.
  • Marie Curie – La patience et la rigueur au service de la découverte.
  • Carl Sagan – La science comme hymne à l’humilité.
  • Jane Goodall – Écouter le monde vivant avec douceur et persévérance.
  • Hayao Miyazaki – Célébrer la nature et la poésie du quotidien.
  • Gandalf – La sagesse tranquille qui éclaire les ténèbres.
  • Atticus Finch – Défendre la justice avec droiture et compassion.
  • Le Petit Prince – Voir le monde avec un regard d’enfant émerveillé.
  • Yoda – Maîtriser la peur pour laisser place à la sagesse.
  • Princesse Mononoke – L’équilibre fragile entre l’humain et la nature.
  • Nausicaä – La douceur et le courage au service de la paix.
  • Martin Luther King Jr. – La puissance de l’amour contre la haine.
  • Hannah Arendt – Penser par soi-même, même dans la tourmente.
  • Confucius – L’harmonie entre la droiture, la parole juste et le geste simple.
  • Spinoza – Comprendre pour aimer : la joie comme sagesse.
  • Albert Camus – Dire “oui” à la vie malgré l’absurde.
  • Viktor Frankl – Trouver un sens, même dans la souffrance.
  • François d’Assise – La simplicité et la fraternité avec toute la création.
  • Rûmî – L’amour mystique comme chemin vers l’unité.
  • Tenzin Gyatso (Dalaï-Lama) – La compassion comme discipline de vie.
  • Mahatma Gandhi – La non-violence comme force de transformation.
  • Simone Weil – La pureté du regard et l’attention à autrui.
  • Wangari Maathai – Planter des arbres pour guérir la terre et les âmes.
  • Charles de Foucauld – La foi silencieuse, vécue dans la simplicité.

🎙️ À la Une : Luc Ferry pense que le stoïcisme est un masochisme (ah bon ?)

Chaque mois, je vous propose un regard stoïcien sur des sujets contemporains, ou bien vous partage une actualité qui met la pensée stoïcienne à la une.

La plupart des critiques du stoïcisme tapent fort, mais à côté. Comprendre : elles révèlent davantage l’ignorance (et l’abus de confiance) de celui qui critique, que la faiblesse du système stoïcien en lui-même. Stoa Gallica avait partagé la liste des 24 critiques fréquentes du stoïcisme, et leurs réponses. Malheureusement, Luc Ferry est tombé dans ces poncifs déjà vus et revus, et les a diffusés à son audience de radio classique dans l’émission Esprits Libres.

Luc Ferry en 2017

Pour écouter l’émission, c’est ici. Allez à 6:25 pour la partie sur le stoïcisme (mais vous pouvez passer directement à la suite de ce billet, vraiment) :

D’après Luc Ferry le stoïcisme est une morale de « collabos » et « d’esclaves », car il appelle à un consentement joyeux à tout ce qui est, sans exception (même la torture et le nazisme, s’étouffe le chroniqueur). Bon, corrigeons rapidement les imprécisions de l’intervenant.

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